12 Aug

Une semaine en Chine

Publié par Jean

Après un arrêt forcé à Shenzhen, nous avons rejoint Yangshuo et ses paysages karstiques puis, étape ultime du voyage, le pays de Longji de l'ethnie Yào et ses fameuses rizières en terrasses.

Tout avait pourtant été parfaitement planifié : la réservation du TGV Chinois un mois à l'avance, le taxi à Hong Kong, la répétition sur YouTube du passage du check point à 6h30 et de l'arrivée à la gare de Shenzhen mais il nous aura quand même manqué 15' pour avoir notre train de 7h21. Nous avons donc été obligé d'attendre le prochain train pour Guilin qui se trouvera être un train de nuit (14h de trajet !) et donc de trouver comment occuper notre journée à Shenzhen.

A 2 voix contre 1, nous avons opté pour "Windows of the Word" le parc Chinois qui permet de visiter toute la planète en modèle réduit et même de monter dans une tour Eiffel à peine réduite ou de faire du patin à glace dans une reconstitution des Alpes. Dans notre imaginaire, un choix finalement assez "loisirs socialistes" à vocation pedagogique, qui nous a au moins permis de revoir tous les monuments vus au cours de notre périple depuis le grand palais de Bankok jusqu'à Borobudur et de vivre quelques heures au milieu des nombreuses familles chinoises en vacances. Pour terminer en beauté et peut être en raison de l'absence des femmes, les Duplex s'accorderont un Mac Donald dans la gare, un plaisir un peu régressif mais revigorant après une journée un peu compliquée.

Le train de nuit fut par contre une vraie expérience de voyage pas forcement agréable mais riche en sensations et pour le coup très locale : pour bien commencer, nous n'avions pu obtenir que 2 couchettes pour nous trois plus une place assise en 3ième mais très loin à l'avant du train. Si l'on ajoute le côté un peu bruyant de nos amis chinois et le fait que les couchettes sont complètement ouvertes sur le couloir, on peut déduire que l'on a passé une nuit assez éveillée, au milieu des histoires familiales chinoises, des ronflements, smartphones et autres interventions du nombreux personnel cheminot. Mais qu'importe, ça nous a aussi permis de vivre intensément un instant "chinois" et de découvrir Guilin et ses paysages kharstiques à 6h du matin, dans une brume qui leur confère un caractère beaucoup plus mystérieux.

A peine arrivés dans notre hôtel à Yangshuo (au sud de Guilin), après une petite douche réparatrice de la nuit, nous voilà partis pour une balade de 7h en vélo à travers la campagne. Solal, rarement prompt à s'engager dans l'effort, a d'autant mieux accepté l'idée du vélo que nous avons pris un tandem. Quel pur bonheur de serpenter sous le soleil entre ces pics montagneux ou de gravir la "Moon Hill" quasiment seuls car les touristes chinois semblent peu s'aventurer hors des sentiers battus. Il suffisait juste de se perdre un peu dans les petits sentiers. Nous attendions beaucoup de cette étape, nous n'avons pas été déçus. Cette journée restera le plus beau moment de cette étape.

Autant la ballade en vélo fut tranquille et solitaire autant le retour en ville, fut animé par la foule des touristes de passage à Yangshuo. Il en sera de même lors du spectacle de nuit auquel nous avons assisté : 600 figurants côté scène mais des milliers côté public ! Qu'importe, le show était grandiose avec en arrière fond les "pains de sucre" éclairés et les figurants aux mille couleurs au premier plan.

Par chance, le lendemain nous avons aussi réussi à échapper au flot des touristes en optant pour une descente de la rivière Li en radeau de bambou (ou plus exactement d'un de ses affluents) pas trop tardive (9h). Nous eûmes la rivière Li "pour nous" avec personne à l'horizon. Par contre à notre retour, des dizaines de radeaux partaient et la queue pour la suite s'étirait déjà sur plus de cent mètres. Merci aux touristes chinois de ne pas être matinaux. Il faut dire que c'était la fête dans les rues de Yangshuo jusqu'à tard dans nuit. On se serait cru à Bangkok, rue Khaosan.

C'est la tête pleine d'images irréelles que nous avons quitté cette région magnifique pour rejoindre au nord de Guilin, le village de Píng'ān, première étape du pays Longji.

A Píng'ān, nous nous sommes finalement plus retrouvés dans l'ambiance de notre long voyage avec plus de grands espaces à parcourir et plus nature que de touristes. Nous avons aussi eu la chance d'avoir du soleil à toutes nos ballades, cela magnifie les paysages.

On reste bouche bé devant la beauté de ce qu'on voit, que ce soit les rizières en terrasses ou ces villages de moyenne montagne qui ont traversé le temps et qui connaissent un nouveau souffle avec le tourisme. Sans aucun doute, les tracas de train à Shenzhen étaient oubliés et l'on a fait le plein de photos et de souvenirs en ces lieux.

Par chance, le tourisme en pays Longji n'est pas trop gênant car là encore les touristes chinois s'aventurent encore peu hors des villages voire les quittent le soir venu. Les jeunes chinoises restent par exemple presque toutes très joliment habillées et en robe même en montagne, agréable à voir mais - on les comprend - pas du tout adapté aux chemins de randonnée au sein des rizières.

Évidemment nos contacts avec la population ont été moindres qu'aux Sulawesi dans un contexte pourtant proche (rizières, montagnes, villages). Au delà des problèmes de langue, le tourisme de masse modifie forcément les relations avec les locaux en focalisant les premières relations sur des échanges commerciaux. Cependant tous les contacts ont été chaleureux et on sentait un vrai soucis d'accueil des touristes et notamment des rares occidentaux présents.

On reste plein d'incompréhension devant ces modes de cultures en terrasse qui paraissent si difficiles (et si vertigineux !) et on est surpris par l'âge des paysans soit aux champs soit reconvertis en "porteurs de bagages" pour touristes. Difficile de ne pas avoir pitié de ces vieux hommes ou femmes portant à dos d'homme les bagages des touristes contre quelques Yuans. Heureusement pas d'état d'âme pour nous malgré les demandes, nous pouvions porter nos sacs à dos. On s'est rattrapé le lendemain en s'attachant les services d'un guide pour notre ballade entre Píng'ān et Dàzhàii (4h30) et en dépensant nos sous en divers cadeaux. Comme pour le pays Toraja (Sulawesi), les vieux Yào sont encore en dehors du temps mais la situation n'est peut-être pas appelée à durer ici car les jeunes semblent beaucoup plus tournés vers les métiers du tourisme et moins la conservation des traditions ou la culture du riz. Il faudra pourtant maintenir le charme de ces paysages vu le dynamisme économique local qui se prepare (tant de routes, hôtels, infrastructures en projet).

Que retenir de la Chine de Shenzhen. de Yangshuo ou des Longji ? Que l'on a pu vérifier ce que l'on croit savoir : la Chine est vivante et dynamique, en travaux partout, que les paysages peuvent être beaux à couper le souffle, que sa classe moyenne (2 parents + 1 enfant) part en vacance et cherche à se divertir dans des bars le soir mais que, malheureusement pour les possibilités d'échanges, ces mêmes chinois parlent encore très peu anglais.